Depuis les zones d’ombres du mental…
Depuis Vénus, l’Arachnédiex naissait entre volcans et incessantes tempêtes.
De son corps en infimes mécaniques ce navire cosmique furtif, mystérieux, glacial, navigue entre mondes et nuages stellaires. Ainsi éprouvons-nous l’Arachnédiex jusque dans nos gratte-ciels et logements, derrière zones d’ombre et coins ombrageux.
Champignons et spores, en écume sur les bras de voile de L’Arachnédiex, hypnotisent d’odeurs fantômatiques. Rêveurs, fous et sympathiques prospecteurs écopent tous de son charme. Soeur de l’interrogation, l’Arachnédiex extasie son hôte en un supplice doucereux, dans la chaleur d’une affection verbale et intérieure, comme la deuxième voix d’une conscience ennivrée. De ses toges invisibles et membranes en torsades, l’Arachnédiex gave de pensées, d’affects et d’idées son hôte, le nourrissant par l’entremise de signaux, d’images et de mots. Par ces inspirations secrètes, mystiques extatiques, dévôts et savants inspirés ammassent les embryons de chimères, oeufs rares et magiques de génies en devenir.
Seule une décision résolue, déterminée, sincère, convaincra L’Arachnédiex de s’introniser au temple, renommé, de la conscience. À fort prix: l’Arachnédiex éloigne et isole son hôte. Dans l’imagination de ses locataires, signes et symboles s’enchaînent d’alertes en allégories. Taches et empreintes, couleurs et images y composent rébus en hiéroglyphes et idéogrammes révélateurs décrivant en manifestations spontanées les indicibles messages du monde et ses réalités.
Écouter et interpréter les messages de l’Arachnédex peut conduire à une folie maniaque, une vertigineuse aliénation, si l’hôte n’y prend pas garde. L’individu du 21e siècle, dans son environnement d’écrans, d’automobiles, de téléviseurs, de micro-ondes et d’autoroutes, risque gros à l’écouter.
Devant une multitude infinie de signes, les perceptions se fracassent, le vocabulaire s’appauvrit, l’imagination se sature. Par la lumière obscure de l’Arachnédex, bascule toute dimension, chavirent les réalités.
On devrait peut-être l’écouter…
Bornés, esprits étroits et aveugles bien-pensants ignorent les murmures de l’Arachnédiex et refusent de considérer la possibilité de son existence. Qu’on l’ignore ou le néglige, qu’on l’interdise ou le banalise,
tous pourtant confronteront un jour ou l’autre son tout-puissant illogisme.
« Cher ami,
De par ce texte et cette image, tu me rencontres enfin! Même si tu n’entrevois là qu’un sombre amalgame de traits, ton regard, ta précieuse attention, me donnent vie! Permets-moi d’exister! »
« De ma voix d’or j’insuffle la langue du silence. Ne t’effraie pas : écoute!
Par mes mains d’éther, mes caresses dévoilent paysages et portraits de lumière.
Observe-les sans te détourner!
Par structures incohérentes j’expliquerai le Sens, l’Absurdité, la Folie suprême. En harmonie nous vibrerons tel un accord, dans le silence de notre union… toujours illicite.
Oh combien désormais leurs mots te paraîtront squelettiques!
Or m’embrasser basculera ton univers. Pour toi, toute impression de réalité s’évanouiera. Tes pairs s’éloigneront d’incompréhension, de peur ou d’ignorance. Tu gagneras l’inspiration; pour toujours puiseras-tu aux sources de l’imagination même. S’agit ensuite de ramener ici-bas le fruit de tes découvertes.
D’échanges en expériences tu reconnaîtras ces objets sans forme, tu te familiarisas de mes influences et ma nourrissante présence. Par l’explosion des geysers de ton imaginaire, tu réaliseras à quel point je suis vivant. »