Avec un deuxième livre en cours de réalisation (nom provisoire : chair de béton), de nouvelles entités émergent peu à peu. Construites en regard de la perception psychologique de l’environnement matériel, les nouvelles œuvres se veulent plus sombres, le propos résolument politique. À ce jour, les résultats montrent une grande amélioration : c’est plus proche de moi, de mes valeurs, de ce que je veux exprimer et transmettre. En ce sens, voici le texte du Deons’tr.

« J’exhibe la destruction. Le début de la fin. La fin du début. J’expose un cataclysme : un éternel affaissement. Je revête la rouille, la corrosion, ses souillures : j’en subis les déchirures. On ne me nomme pas, on ne m’appelle pas, on ne m’interpelle pas. On accepte tout juste ma présence sinon on m’ignore. Or présent et influent, je prédomine et tous succombent à mon attraction, obéissent à mon conditionnement, construisent, détruisent, à perpétuité.

Pivotants sur eux-mêmes étourdis, les peuples en panique s’enlisent dans leur débauche, au nom d’une croissance aveugle, d’une ivre réforme, d’un progrès sans fin.

Et s’échauffent les entrepreneurs, politiciens, constructeurs, fournisseurs, industriels, colporteurs agents et patrons, comme autant d’alimenteurs des flammes de l’enfer sur terre. Du nouveau-né au mourant, du chômeur au chef d’entreprise, de l’ouvrier au professionnel, tous nourrissent l’esprit du cataclysme. En d’innombrables rites les dévôts réaffirment leur foi. À grand frais de dépenses et d’avoirs, offrandes et richesses asservissent les sujet du Deons’tr.
En échange de leur vénération, entrepreneurs et clients, consommateurs et commerçants se purgent des imperfections humaines, obtiennent support à leurs ambitions, comblent leurs moindres désirs.
Ce dressage vise à modeler des êtres fonctionnels, adaptables, disponibles au besoin, déterminés pour adopter des comportements précis, prévisibles, soi-disant souhaitables pour lui-même et son engeance.
Pour l’essor des techniques et l’expansion des marchés, projets et chantiers s’érigent comme engins de domestication. À grand renfort d’examens et contrôles, de performances et de compétitions on écarte la notion d’entraide, on morcèle les communautés, on empêche les rapprochements. À mesure que les routes se construisent, que les systèmes s’implantent, que les villes se bâtissent, on trace les plan d’une agglomération sans fin. Là circuleront désormais ces ressources de fibres et de chair, collaborateurs dociles et affables d’un cycle de reconstruction infini. Épris de développements, ces vendeurs d’abondance et agents de prospérité annoncent déjà cette ère sans manque ni rareté.

Or sous la multitude des masses gisent anonymes les identités. Leur isolement s’aggrave, leur cloisonnement se perpétue. Combien de visages, ébahis de désespoir, n’émettent plus que de faibles vagissements? Combien annoncent, sans se faire entendre, leur prochaine et inéluctable disparition?

En ce charnier où subsistent chancelants gens et matériaux, droits et devoirs, actes et possessions, entreprises et personnes se confondent. Les raisons d’être se perdent, les révisions se multiplient, les règles s’accumulent. L’image, le mot et le titre, plutôt qu’éclairer, aveuglent.

Derrière l’évidence des sens s’élabore une énième version d’un éternel projet : l’emprise du Deon’str édifie une humanité nouvelle.

Combien de vestiges les organisent? »

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