Chaque individu, unique, se distingue par ses actions. En interaction avec son univers, ses réalités, ses illusions, la personne s’ajuste à son environnement, le questionne, lui répond. D’aventures en expérimentations, des volontés s’affirment. Par le filtre de ses sens, son éducation et sa pensée, se percevront des cadres – les frontières d’une réalité – avec libertés et interdits.

En parallèle, mythes modernes et anciens, contes et légendes enseignent aussi leurs leçons, levant le coin d’un voile sur d’indicibles mystères. Depuis les annales de l’imagination, divertissements, demi-vérités, distorsions et exagérations, se déploient. En ces mondes de l’impossible, d’étranges vautours planent, rats et serpents s’entre-dévorent, des licornes périssent, proies faciles et braconniers foisonnent. Sous le couvert de l’image, on se raconte, se transforme, se dirige, se décide. Pendant ce temps, on se loge, on se nourrit, on gagne sa vie… et s’oublient ces récits. Entre apprentissages, souvenirs et expériences, chacun mène sa lutte, entre rêves et dépotoirs et résultats et cimetières.

« Aime ton prochain. Contribue à l’ordre du monde. Aspire au meilleur. Travaille. Fixe-toi des objectifs, réussis. Toi seul est responsable de ton bonheur. »

« De calme, de repos, de paix, je rêve… et encore, d’une plaie béante et inguérissable je souffre. Engourdi de douleur, je hais : le monde, ses gens, la vie elle-même. Autour de moi, maintes lois du silence sanctionnent mes sanglots, mes cris, mes pleurs. En fait, de toutes mes pores je saigne. Ça m’affaiblit, je m’abats. Plus vulnérable que jamais, combien d’aiguillons tentateurs se brandissent vers moi? Et chaque fois je succombe. Coupable, je m’abandonne. Vas-tu aussi me rejeter? »

À quel point désirais-je m’adapter pour gagner attentions et affections? L’ordre en place me défie. Jusqu’en esprit, bandes et couples se forment. Entre insultes et compliments, avide de fusion, mon corps, à chaque instant, s’étiole. Qui pourrais-je convaincre ou séduire?

D’acceptations en refus, de compromis en concessions, j’évolue, me déconnecte. Chacun pour soi! Convaincu de ma médiocrité, dans la séparation, la division et la honte, je m’exclue. Pourquoi me battrais pour l’amour du monde? De doutes en recherches inutiles, de perversions en vices, des volontés autres me dirigent. Voyez-vous cet énorme creux au centre de mon visage? Par ces blessures, mille roses – ces spirales de mes écarts – jaillissent en peurs, tendres couleurs de mes malheurs. En dépit de votre admiration, me reprocherez-vous ces replis de ma beauté écarlate?

« Lâche, je m’écœure. Je n’en peux plus d’échouer, de donner de moi sans recevoir, de rien ni personne. J’en abimerais mon corps. Mes efforts, par accumulation et répétition, ne parviennent qu’à m’éreinter : ma dernière peau se fane. J’abandonne l’idée d’un futur heureux, d’un accomplissement sain, de succès et d’épanouissement. Parviendrai-je à grandir, à trouver quelque rayonnement, une beauté, un sens à cette destinée? Peut-être, peut-être, peut-être… Dans la solitude, entre vieillesse et inertie, jeunesse et énergie, je m’endurcis… »

« Leurs vains conseils me torturent. »

« Ma souffrance m’isole. Qui voudra de moi, si toujours, pour mille et une raisons, je me revois jugé, étiquetté puis rejeté? Mes horreurs, mon odeur, vous détournent de mon corps… malgré ma sympathie, ma sensibilité, mon regard véhément. Suis-je si déplaisant?

Et toi qui m’entends…

…si dans le silence tu vois mon regard briller, puisses-tu goûter cette saveur sans nom, mon inaltérable et primordiale force. Insaisissable, cette absorption nous unira : en un seul corps, invisible, nous nous confondrons. En nous se cimentera l’évidence, le grand OUI qu’en permanence nous nous dirons, en dépit de nos protections et nos luttes.

Ainsi j’aime, malgré la solitude, les outrage et les manques. Or toujours je n’agis que pour moi… et mes multiples personnalités. Encore je me bâtis de nouvelles vies, de multiples rôles. Et j’en souris. Sans retenue s’extériorisent mes joies, ma liberté retrouvée. Ces simples humains, de par leur nature, répareront mes brisures. Car à chacun d’eux, à tout moment en tous lieux, je m’unirai. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

EffacerSoumettre