2. Choix et prévisualisation
Déjà à ce stade le « canevas» présente des qualités esthétiques. Or ce montage ne suffit pas pour révéler un démon du cercle. Formes et traits révèlent-ils quelque chose? Retrace-t-on dans le cercle, à travers taches et coups de crayon, les traces d’une nouvelle forme de vie ?
Contemplations intenses et prolongées, fixations du regard, détournements d’attention auto-hypnotiques et paranoïa critique*, accentuent les indices révélateurs de l’oeuvre.
Son regard retrace le dessin parfait, symétrique… où les germes du Daemondala pullulent. Par l’entremise du tracé de base, l’observateur découvre une multitude de visages : souriants, fâchés, éreintés, surpris, neutres, ébahis, emboîtés, mélangés à d’inextricables arabesques. Le cercle procure l’illusion réelle d’êtres démoniaques.
*La paranoïa-critique
(telle qu’employée par Dali)
Le paranoïaque délire dans son interprétation du monde face à son
« moi », auquel il donne une importance exagérée. Dans une systématisation parfaite et cohérente, sa conviction de toute-puissance le conduit à la mégalomanie et au délire de persécution.
Selon Dali, c’est « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes».
Une multitude de formes cohérentes accompagne des hallucinations
et l’interprétation des phénomènes réels. Le paranoïaque transforme sa sensation en perception et se convint de son délire. L’autorenforcement permet l’idéation du projet, vivant et agissant dans un monde étranger qu’il domine et façonne par son désir.
L’artiste qui emploie la paranoïa-critique reprend les éléments du délire systématisé pour inspirer l’oeuvre à venir.