Déjouer la symétrie.
Une fois la base visuelle montée, choisie et étudiée, le défrichage au crayon débute. Dès lors, les mailles de la « grille » abstraite sont retissées, les trous rebouchés, contournés, des traits sont ajoutés, des lignes prolongées. Sans pouvoir effacer les éléments du canevas de base, les premières formes de l’être se sculptent peu à peu. Yeux, bouches, oreilles et autres traits apparaissent un par un… après des kilomètres d’allers-retours au crayon. Même si tous les chemins y mènent, Rome ne s’est pas faite en un jour!
Une fois cette étape accomplie, la créature a enfin son anatomie propre. Si à ce stade le résultat n’est pas satisfaisant, l’ébauche sera mise de côté, en mode “récupération”, pour être réutilisée dans d’autres projets. On corrige ensuite les imperfections du dessin initial. Fusions de vieilles expérimentations, reproductions et multiplications, ajouts de parts rejetées… À ce stade, le cheminement s’opère parfois dans d’étonnants virages.
Un projet abouti comporte un équilibre entre traits, formes, remplissages et vides, zones claires et espaces précis. Les risques de perdre le fil, de la vision initiale jusqu’à l’oeuvre complétée, reposent surtout dans l’excès de recherches et d’expérimentations.
À quels monstres appartient cette ville aux mille fenêtres?
Quelques circonvolutions mentales…
Un danger réel de perdition accompagne toute recherche psychique (rationnelle) et esthétique (intuitive). Par faux-pas ignorés, et ratages non résolus (insolubles?), la chute ou la noyade du pratiquant s’avèrent plus dommageables que n’importe quelle créature de l’imaginaire. Si le dessin dépasse un certain point de finition, l’exagération et l’excès d’efforts peuvent enclencher une ronde bien malheureuse… Puisse le chercheur reconnaître son gâchis, revenir sur ses pas et reprendre le chemin direct vers une oeuvre accomplie. Sinon sans cesse cherchera-t-il quelque chose que lui seul peut trouver.