Déglutition rose

Ce préjugé me pèse. À force de le nourrir, le phénomène invisible, cette mauvaise pensée, a pris forme dans le papier.

Voilà son cri : :
La délicatesse de ma chair
la faiblesse de mes émotions
la torture de ma pensée
m’avilit – le temps qu’une gêne m’emprisonne et m’étouffe.

À chaque moment, jusque dans mes rêves, ses mots me poursuivent :
« Lourdeur de la différence, fardeau quotidien, je hais qu’on me regarde. Dans le moindre de mes mouvements, je lutte, On m’observe à mon insu. Je ressens la marque au fer de leurs regards sans émotion ni teint. Sur ma peau trop rose, fuschia, et ma figure monstrueuse, bulbeuse, poisonnesque, mes rides noires comme l’encre de Chine se creuseraient à coup de murmures et d’égratignures. Légers désarrois : tordue, ma bouche à demi ouverte se renfrogne. Mes yeux désormais ne s’ouvrent que béât d’une peur gênée. Je demande pitié. je vous en prie, épargnez-moi de tout jugement, Je suis comme ça, c’est tout. »

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