Parmi les faux-vrais, de vrais-faux entretenaient les tisons.
Oui. je brûlai gelé.
Seuls nous naîtrons, seuls nous mourrons. Or dès mes premiers moments, l’Autre s’imposera à moi. Avec l’Autre j’apprendrai, parlerai, jouirai des caresses du soleil et du vent, apprivoiserai les beautés du monde, sa nature, ses êtres vivants. D’acquisitions en apprentissages, j’acquerrai connaissances, trésors et secrets. D’acquisitions en apprentissages, j’acquerrai connaissances, trésors et secrets. De ces interactions surgiront mes plus anciens souvenirs, mes premières confidences, mes premières unions.

De leur côté, parents et adultes, forts de leurs expériences, moeurs, valeurs et principes, m’élèveront de rampeur à marcheur, de crieur à orateur. On se chargera de ma protection, de mon éducation. Dans ces enseignements, on m’assignera consignes et règlements. Bien au delà de ma compréhension, de mes appréhensions, on guidera mes prises de décision, mes désirs, mes goûts, mes affections.

Sous peu me désignera-t-on qui et quoi, parmi étrangers, choses et phénomènes, me procureraient santé, bonheur, sérénité. Permissions, règlements, interdictions je suivrai ou éviterai.

D’instructions en initiations, d’expériences en apprentissages, chaque événement m’affectera. De branches en brindilles, le nid de mon caractère s’élaborera. De modifications en ajustements, les murs de ma conscience se solidifieront. Instincts et intuitions se cristaliseront. Événements et expériences m’en convaincront : faits et perceptions s’imposeront à moi en millions de fragments. De plus en plus opaques, les solides remparts de mon intellect ne reflèteront bientôt plus que demi-vérités et faux-semblants, mensonges et simulacres. tortures et servilités.

D’inspirations en influences, d’amours impartageables en aventures superficielles, d’attachements superflus en inimaginables angoisses, de compagnons de fortune en ennemis cachés, on m’instruira de savantes procédures. D’une magie interdite, experts et sorcières embrûmeront mes lunettes mentales. Sans le vouloir m’instillera-t-on doutes et questionnements. À mon insu j’éprouverai leurs agissements.

La réalité me jouera des tours. Je n’arriverai plus à me fier à qui ou quoi que ce soit. Plus rien de ce que je sais ne m’éclairera vers quelque vérité que ce soit. Je m’isolerai, m’enfermerai, me cacherai de tout et de tous. Mais, comme l’humain ne peut vivre seul, la solitude bientôt m’accaparera. Par un étrange conditionnement, impressions d’absence et sentiment d’abandons me hanteront. Trop souvent l’Autre me manquera.

Dans une profonde confusion, je ne saurai quelle attitude adopter, je ne saurai déceler l’amour de la haine ni la tromperie de l’assistance. J’accumulerai objets et livres, divertissements et passe-temps, qui tous s’avéreront futiles ou inutiles. Le joyau noir de mes vérités acquises s’enchâssera en une couronne de dépit, d’incertitude, de peur et d’envie. Roi inapprochable d’un marécageux royaume, je ne dirigerai que l’alvéole de ma chrysalide.

À tout prix je chercherai à me libérer de cet enfer. Avalant mon espace dans son intégralité, je m’asphyxierai. Par délires et missions imaginaires, sous l’influence d’ombres et rêves qu’on ne saurait voir, je fuirai.

Pour toujours je quitterai cette terre inhospitalière et m’envolerai. Dans le lit nuageux de mes songes je me libèrerai.

Du coup plus personne ne comprendra ce que je dis, ce que j’écris, ce que je vis.
De ces fumées sous mes ailes je léviterai, flotterai sur les globules et le sang de l’éther ambiant.
Derrière mes mots garochés, mon vol ne se suivra qu’en pensées. Sans attache à quelque terre que ce soit, plus personne n’osera me rejoindre ou me rattrapper.

« Dès que le vent soufflera, je repartira, dès que les vents tourneront nous nous en alleront. »

Peut-être m’écraserai-je.

Et à ceux qui un instant tenteront de me ramener, je leur dirai : « ne m’en veux pas de voler si loin de toi. je ne désire que me libérer, peut-être atterrir à quelque part, ailleurs… En tous les cas, souhaitons-nous paix, repos et tranquilité. »

Voir trop d’un coup équivaut à ne rien voir du tout. Ma fuite s’est avérée plus longue que prévue. Aujourd’hui je ne dors plus. Mon coeur trop attisé s’en ressent.

À elles seules les idées me suffiraient… de l’imaginaire où s’exposent autant poussières d’univers que vers de terres, mes facultés, et aptitudes roulent d’un mécanisme effrené, incontrôlable.

J’observe ma respiraton. Constate ma vitalité : rejette les accumulations . En moi circulent explosions de noirceurs, mes anciennes « vérités » et arc-en-ciels de bonheurs. Assailli de tous côtés, l’épuisement mental me guette. Or de l’univers je récupère sans même dormir.
Je navigue par énergies décelées, canalisées.
Je récolte ce dont j’ai besoin pour perdurer…
Tout est là, à portée d’aile, s’agit de les tendre.
»

Jokochov

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